Scandales dans les internats religieux : Bétharram, Riaumont, Autrey… comment l’omerta a tué l’enfance des victimes
Scandales dans les internats religieux, violences passées sous silence, enfants réduits au silence… Qui protège les plus vulnérables quand l’institution religieuse ferme les yeux ? Depuis quelques années, trois noms reviennent souvent dans les témoignages d’anciens pensionnaires : Bétharram, Riaumont, Autrey. Ces lieux, censés former, éduquer, éveiller à la foi, ont parfois été les scènes d’une tout autre réalité.
Tableau comparatif des pensionnats religieux en cause
Établissement | Localisation | Accusations principales | Statut actuel |
---|---|---|---|
Bétharram | Lestelle-Bétharram (64) | Violences physiques, abus sexuels | Commission d’enquête, excuses officielles |
Riaumont | Liévin (62) | Travail forcé, agressions, pédopornographie | École fermée, enquêtes judiciaires |
Béatitudes à Autrey | Vosges (88) | Emprise, agressions sexuelles | Internat fermé, prêtres sanctionnés |
Trois histoires, une même mécanique : celle du silence
Je me souviens de cette phrase d’un ancien pensionnaire de Bétharram : « On nous disait que c’était la volonté de Dieu. » Cette justification, on la retrouve à Riaumont, comme à Autrey. Une emprise psychologique, couplée à un isolement total, a permis à certains membres du clergé d’agir en toute impunité pendant des années.
À Bétharram, ce sont plus de 150 victimes recensées, dont près de 70 pour des faits sexuels. La congrégation a fini par reconnaître sa responsabilité et annoncé une commission d’enquête indépendante. Mais combien d’années de silence avant cela ? Et surtout, combien d’enfances brisées ?
Riaumont : le Bétharram du Nord ?
Le village d’enfants de Riaumont, dans le Pas-de-Calais, est aujourd’hui dans l’œil du cyclone. Le 4 avril 2025, deux députés y ont effectué une visite surprise, soulevant des questions cruciales sur la gestion passée. Ce qui m’a choqué, c’est ce climat de défiance palpable, comme si l’ombre de l’autorité plane encore sur ces murs.
Des documents saisis évoquent le travail forcé des enfants, des constructions sous la neige, des nuits passées à creuser la terre… La députée Violette Spillebout parle d’un « respect pour les victimes » en venant sur place. Ce respect, on le doit aussi en écoutant les récits, en cessant de minimiser.
Communauté des Béatitudes à Autrey : l’emprise invisible
Dans les Vosges, le cas d’Autrey est peut-être le plus insidieux. Pas de cris, pas de murs couverts de slogans… mais un lent processus d’annihilation de l’individu. J’ai été bouleversé par l’histoire de « Florent », un ancien élève interrogé par le journaliste Mikael Corre. Il a mis 18 ans à se libérer de l’influence de ses anciens « pères spirituels ».
Ce qui m’effraie, c’est de constater à quel point l’institution religieuse a co-construit ces abus. Les gestes déplacés étaient qualifiés de « marques d’affection », les jeunes garçons baignaient dans une ambiance mystique qui empêchait toute révolte. Le silence des autorités a permis la répétition des faits.
Ce qu’on doit aux victimes : vérité, réparation, prévention
Aujourd’hui, la justice fait lentement son travail. Mais elle est confrontée à la prescription, à l’effacement des preuves, à des rappels douloureux pour les survivants.
Voici ce que j’en retiens, et que je veux partager avec vous comme si on en parlait autour d’un café :
- Écouter les récits, même tardifs, sans les juger.
- Demander des comptes, à l’État comme aux communautés religieuses.
- Ne pas confondre foi et soumission.
- Former les éducateurs, les prêtres, les inspecteurs à repérer les signaux faibles.
- Créer des lieux de parole protégés, pour les enfants, mais aussi les adultes qui veulent témoigner.
En finir avec l’omerta
Ce que ces affaires de Bétharram, Riaumont et Autrey nous disent, c’est qu’il est temps de briser l’omerta. Plus jamais l’Église ne doit se transformer en forteresse derrière laquelle se cachent les abus. Et plus jamais l’État ne doit fermer les yeux.
Moi, en tant que journaliste mais aussi en tant que citoyen, je continuerai de poser des questions. Car les scandales dans les internats religieux ne doivent plus être des secrets honteux. Ils doivent devenir des leçons, pour protéger ceux qui n’ont pas encore les mots pour se défendre.
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