Règles douloureuses : le débat sur le congé menstruel relancé en France

par | 11 Juin 2023

Un tampon hygiénique

Ce serait une résolution révolutionnaire qui est encore chimérique en France mais le débat vient d’être relancé, très ouvertement, sur le plateau de RMC : nous voulons parler du sujet des règles étant parfois si douloureuses qu’elles pourraient nécessiter l’octroi d’un congé menstruel, histoire que le cauchemar s’achève chez soi, en toute quiétude et loin des regards du monde professionnel. Jack Parker était, en ce mercredi 30 août, l’invitée de l’animateur Jean-Jacques Bourdin.

Un tampon hygiénique

Notons qu’elle est l’auteure d’un livre qui en dit long, ne serait-ce que par son titre : Grand Mystère des règles. Nous sommes encore loin d’une loi mais c’est sûrement l’un des plus opportuns moments pour parler du sujet polémique sur le droit de poser des jours de congé pour règles douloureuses. La réforme du Code du travail pourrait, peut-être, en tenir rigueur. Notons que l’Italie a déjà une longueur d’avance : un projet de loi autorisant les femmes à prendre trois jours de congés payés par mois en cas de règles douloureuses a été présenté en mars 2017. Si le texte est adopté, ce serait une grande première en Europe.

L’octroi d’un congé menstruel est pour l’instant propre à des pays tous situés en Asie : ce droit reste cependant à nuancer

Pays précurseur en matière de congé menstruel, le Japon l’autorise depuis 1947, soit 70 ans. C’est aux employeurs de déterminer la durée autorisée des absences et si elles sont rémunérées ou non. Mais en pratique, prendre ces jours de repos reste très rare. Le sujet reste encore tabou au regard des 0,09% des Japonaises qui ont osé le prendre en 2016. Le travail passe toujours en premier.

En Indonésie, le congé menstruel résulte de l’article 81 de la loi sur le travail abrogée en 1948 : toute femme peut bénéficier de deux jours de congés payés par mois. Cependant une réforme de 2003 fait que l’employeur n’est plus obligé de payer ses salariées quand elles veulent bénéficier de ce congé. Les femmes doivent aussi subir un examen médical pour prouver qu’elles ont leurs règles.

Depuis 2001, date à laquelle est entré en vigueur l’article 71 du droit du travail en Corée du Sud, chaque salariée a droit à un jour de congé (non payé) par mois. Un sigle apparaît sur le planning affiché sur les murs de l’entreprise, à la vue de tous, ce qui a vite fait d’entacher une réputation : « SL » pour « semestriel leave » soit « congé semestriel ». De quoi décourager plus d’une prétendante.

A Taïwan, le congé menstruel est inscrit dans le texte sur l’égalité des genres dans l’emploi depuis 2013. Là-bas, les femmes ont droit à trois jours de congés menstruels payés supplémentaires par an, additionnés aux 30 jours de congés maladie à moitié payé dont tous les employés ont droit. Au-delà, la prise d’un congé menstruel a un impact sur le salaire des femmes de cet état chinois insulaire.

Qu’entend-on par « règles douloureuses » ? Quels sont leurs symptômes insoutenables ? Comment les soigner au mieux ?

Le terme dysménorrhée désigne les troubles menstruels en général (du grec dus = difficulté) mais on l’utilise communément pour parler des douleurs au bas de l’abdomen qui précèdent ou accompagnent les règles. Elles durent habituellement de 2 à 3 jours. Le terme algoménorrhée est plus exact, le préfix algos voulant dire « douleur ».

Les douleurs menstruelles touchent de 50 % à 80 % des femmes fécondes, selon le groupe d’âge. De ce nombre, de 5 % à 15 % des femmes sont suffisamment incommodées pour devoir modifier leurs activités quotidiennes (repos forcé, absentéisme scolaire ou professionnel). Une complication, des plus sévères, se révèle être l’endométriose.

Selon l’Inserm, l’endométriose est une maladie gynécologique assez fréquente puisqu’elle concerne une femme sur dix. Elle est liée à la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de l’utérus. Différents organes peuvent être touchés. La maladie peut être asymptomatique. Mais dans certains cas, elle provoque des douleurs fortes (notamment au moment des règles) et/ou une infertilité.

L’opinion publique s’est réveillée, sur les réseaux sociaux, suite aux propos de Jack Parker : sexisme à l’honneur et rejet massif

Le premier écueil, pour ne pas dire rocher, auquel se heurtent en général les plus ardents défenseurs du congé menstruel, est une absence patente d’information de l’opinion publique, qui parcoure toutes les strates de la société ; cette dernière est majoritairement, pour ne pas dire farouchement, opposée à l’instauration du congé menstruel, perçu non comme un droit à la dignité mais comme un prétexte de cossard pour grappiller des congés supplémentaires ; les réseaux sociaux en attestent avec une déferlante virtuelle d’avis des plus hostiles et ce avant la moindre esquisse de proposition de la part de tous les acteurs concernés et en particulier les principales intéressées : les femmes qui méritent vraiment d’être entendues et/ou consultées.

C’est une méchanceté injustifiée et démesurée. Invitée ce mercredi 30 août , Jack Parker affirme, forte de ses convictions et conclusions de son ouvrage cité plus haut : « La première étape est d’abattre ce tabou, on ne peut discuter du congé menstruel dans ce climat. » Son passage au micro de Jean-Jacques Bourdin a entraîné une légion de commentaires sur Twitter : il est nécessaire de noter que l’hostilité était largement plus masculine que féminine. Encore du machisme qui n’a même pas pris le pouls d’un aspect médical. Même des professionnels masculins de santé considèrent les règles, douloureuses ou non, comme une étape de la vie de toute femme, et s’érigent contre’une loi désapprobatrice vis-à-vis de ce qui est « normal ».

Un tampon hygiénique, Pixabay – EME
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Rédigé par Jade Bernard

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