Décès de Lea Massari : la plus française des actrices italiennes tire sa révérence
Quand une étoile s’éteint, que nous reste-t-il ?
Lea Massari est morte. Voilà, c’est dit. Et moi, comme beaucoup, je me pose cette question un peu bête, un peu triste : comment une actrice aussi discrète a-t-elle pu occuper une place si forte dans nos souvenirs sans jamais chercher les projecteurs ? À 91 ans, elle s’est éteinte à Rome, dans le calme du quartier de Parioli. Et moi, je repense à ce visage, à cette voix chaude, et à cette carrière incroyable qu’on a peut-être sous-estimée de son vivant.
Tableau récapitulatif de sa carrière
Période | Films marquants | Réalisateurs | Distinctions |
---|---|---|---|
1954-1960 | Du sang dans le soleil, L’avventura | Mario Monicelli, Michelangelo Antonioni | Débuts prometteurs |
1960-1975 | Une vie difficile, Les choses de la vie, Le souffle au cœur | Dino Risi, Claude Sautet, Louis Malle | David di Donatello, Ruban d’argent |
1975-1990 | Le Christ s’est arrêté à Eboli, Peur sur la ville | Francesco Rosi, Henri Verneuil | Étoile de cristal, second Ruban d’argent |
Après 1990 | Retrait du cinéma, vie discrète | – | Engagements écologiques |
Une actrice pudique au magnétisme évident
Il y avait chez Lea Massari une manière bien à elle de capter la caméra, sans cris ni drame. Une élégance presque silencieuse. Elle n’avait pas besoin d’en faire trop pour exister à l’écran, et c’est peut-être ça qui la rendait si puissante. « La force tranquille », comme disait Claude Sautet. Une femme dont la beauté n’était pas tapageuse, mais… magnétique.
Franchement, j’ai toujours eu un faible pour ces actrices qui fuient les tapis rouges mais qui vous percent le cœur en un regard. Elle faisait partie de cette caste-là.
« Le souffle au cœur », une claque cinématographique
Et puis il y a ce rôle dont tout le monde parle, celui dans Le souffle au cœur. Un film de 1971, signé Louis Malle. Je l’ai vu une fois, par curiosité, et j’en suis ressorti sonné. Elle y joue une mère en pleine zone grise, et on ne sait plus très bien si l’on doit la comprendre ou la condamner. Ce rôle, je pense, a marqué toute une génération.
Et c’est là qu’on voit l’audace de Massari : accepter un rôle aussi controversé, à une époque où les actrices devaient faire attention à leur image. Elle, non. Elle préférait les seconds rôles puissants aux premiers fades.
Une carrière franco-italienne impressionnante
Ce que j’aime chez elle, c’est son côté passe-frontières. Elle a tourné avec les plus grands : Antonioni, Rosi, Sautet, Verneuil, Melville… rien que ça. Et puis, elle partage l’écran avec Belmondo, Delon, Trintignant, comme si c’était tout à fait naturel. Vous savez, ce genre d’actrice qui semble dire : « Oui, j’ai joué dans 50 films, et alors ? Je faisais juste mon travail. »
Moi, ça me donne une leçon d’humilité.
Une retraite discrète mais engagée
Le plus fou, c’est qu’elle s’est retirée à 57 ans, alors qu’elle aurait pu continuer. Pas de come-back pathétique, pas d’interviews télé pour parler d’un lifting réussi. Elle a préféré s’engager pour l’écologie et les animaux. Là encore, une élégance rare. Le genre de décision qu’on respecte, même si on aurait aimé la revoir à l’écran.
Ce qu’on retient de Lea Massari
Ce n’est pas juste une filmographie qu’elle nous laisse. C’est un souvenir d’une autre façon de jouer, de vivre, d’être actrice. Moi, je me souviens de sa silhouette dans L’avventura, de ses silences dans Les choses de la vie, de ses regards troublants dans Peur sur la ville.
Et si je devais résumer Lea Massari en quelques mots, je dirais : « elle savait disparaître en laissant une trace ». Une citation lue quelque part, qui lui colle à la peau.
Et maintenant ?
Alors oui, Lea Massari est morte, mais sa discrétion continue de briller. Un paradoxe ? Peut-être. Mais un paradoxe magnifique. Une actrice rare qui nous rappelle que l’on peut marquer l’histoire sans bruit, sans scandale, sans artifices.
Et vous, c’est dans quel film que vous l’avez découverte ? Parce que moi, je crois bien que c’est La Femme en bleu un dimanche soir, à la télé, chez mes parents. Et je ne l’ai jamais oubliée.
Lea Massari est morte… mais elle reste, quelque part entre l’ombre et la lumière.
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