Les champignons hallucinogènes pourraient « réinitialiser », tel un disque dur d’ordinateur, les zones du cerveau qui jouent un rôle indéniable dans la dépression, selon des chercheurs du London Imperial College (Royaume-Uni). Leur étude, publiée ce vendredi 13 octobre dans la revue Nature, atteste du rôle-clé de la psilocybine, un principe actif présent au sein des champignons hallucinogènes, pour lutter contre l’état dépressif avec plusieurs effets bénéfiques (amélioration de l’humeur et baisse du stress).
La psilocybine est étudiée depuis longtemps pour faire face à la dépression, l’anxiété, l’angoisse, de même que le cancer
La psilocybine, cette substance active de certains champignons hallucinogènes ou magiques, a commencé à intéresser, dès les années 1950, les chercheurs. En 2008, il a été démontré qu’elle entraînait des effets durables de bien-être psychique ainsi que de plénitude. C’était une bonne nouvelle pour tous les patients qui résistaient aux traitements existants (antidépresseurs ainsi que psychothérapie) soit une personne dépressive sur cinq. Les chercheurs du London Imperial College ont suivi, dans la durée et avec attention, 20 patients dépressifs et réfractaires aussi aux traitements traditionnels. Ils ont reçu 2 doses de psilocybine (10 mg et 25 mg) avec un écart respecté d’une semaine entre la prise des 2 doses. 19 patients ont été soumis à une imagerie par résonance magnétique (IRM) avant et après la prise des 2 doses. Voyons les effets de ce protocole thérapeutique expérimental.
Des résultats prometteurs, aux effets bénéfiques immédiats et allant jusqu’à cinq semaines, mettant à mal la dépression
Le résultat a été magique à la fois à court et moyen terme. Très peu de temps après le traitement par la psilocybine, les patients ont tous rapporté un amoindrissement des symptômes propres à la dépression. Nous pouvons citer l’amélioration de l’humeur et la diminution du stress. L’IRM a été elle aussi révélatrice d’une réduction du flux sanguin dans des zones du cerveau étant des plus reconnues dans la gestion des réactions émotionnelles, du stress et de la peur. Les cobayes volontaires ont constaté, pour leur plus grande satisfaction, des bénéfices qui duraient jusqu’à cinq semaines après le traitement : c’est également une victoire pour les chercheurs. Pour en venir aux IRM, le Dr Robin Carhart-Harris, responsable de l’étude, s’exprime ainsi : » Les résultats d’imagerie montrent une analogie avec un phénomène de réinitialisation du cerveau, comme le reboot d’un ordinateur. »
Même encadrée, l’utilisation médicinale des champignons hallucinogènes n’est pas sans dangers : gare aux « bad trips »
Les « bad trips » ont été l’objet d’une étude scientifique, l’année dernière, émanant de l’institut John Hopkins aux Etats-Unis et parue dans Psychopharmacology. Les chercheurs ont demandé à 1993 utilisateurs de remplir trois questionnaires sur les effets hallucinogènes, les expériences mystiques et les états de conscience altérés, lors de l’épisode de consommation de psilocybine le pire qu’ils aient vécu. Deux tiers d’entre eux ont classé cette expérience parmi les dix expériences les plus difficiles de leur vie, 11% la qualifiant comme la pire jamais vécue. Un utilisateur sur dix a déclaré mettre en danger sa propre personne ou quelqu’un d’autre, et 2,6% ont agi de manière agressive ou violente. Cinq participants ont même tenté de se suicider durant cette expérience. Il faut en tenir compte.
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