Herbert Léonard nous a quitté : Hommage à une voix légendaire de la chanson française
Une carrière marquée par des hauts et des bas
Herbert Léonard, l’interprète du mythique « Pour le plaisir », nous a quitté ce dimanche 2 mars 2025 à l’âge de 80 ans des suites d’un cancer du poumon. J’ai toujours admiré cet artiste à la voix chaude et envoûtante qui a marqué toute une génération dans les années 80. Son décès à l’hôpital de Fontainebleau marque la fin d’un chapitre important de la chanson française.
Des débuts prometteurs jusqu’au premier succès
Né Hubert Loenhardt le 25 février 1945 à Strasbourg dans un milieu modeste (son père était éboueur et sa mère femme au foyer), le jeune Hubert s’oriente rapidement vers la musique. Après avoir appris les rudiments de la guitare, il commence à se produire dans des groupes locaux dès l’âge de 16 ans.
Sa carrière prend un tournant professionnel fin 1965 lorsqu’il rejoint Les Lionceaux, un groupe fondé à Reims en 1961. Ce groupe se fait connaître en reprenant notamment des chansons des Beatles. C’est à cette époque qu’il adopte son nom de scène : Herbert Léonard.
Après la dissolution des Lionceaux en 1966, il entame une carrière solo et sort son premier album « Si je ne t’aimais qu’un peu » en 1967. Mais c’est véritablement avec « Quelque chose tient mon cœur » en 1968, une adaptation française du titre de Gene Pitney, qu’il connaît sa première véritable reconnaissance.
Période | Événements marquants |
---|---|
1945 | Naissance à Strasbourg |
1965-1966 | Membre des Lionceaux |
1967 | Premier album solo |
1968 | Premier succès avec « Quelque chose tient mon cœur » |
1970 | Grave accident de voiture |
1981 | Retour triomphal avec « Pour le plaisir » |
1985 | Succès de « Puissance et gloire » (générique de Châteauvallon) |
2017 | Graves problèmes de santé, coma d’un mois |
2023 | Dernière hospitalisation |
2025 | Décès le 2 mars à Fontainebleau |
La traversée du désert et la renaissance
Je me souviens encore de cette histoire tragique qui a failli mettre un terme définitif à sa carrière. En mars 1970, alors qu’il roule sur les routes de Belgique, Herbert Léonard est victime d’un grave accident de voiture. Il racontait lui-même chez Thierry Ardisson : « J’ai pris un virage en quatrième et à l’époque sans ceinture de sécurité. J’étais défiguré. Je ressemblais à la création de Frankenstein. Je n’avais pas très envie de me regarder dans une glace. Je ne sortais plus, je restais cloîtré. Je me suis dit c’est fini. »
Après une longue convalescence, il tente de reprendre sa carrière, mais le public et le métier l’ont déjà oublié. C’est le début d’une longue traversée du désert. Pour survivre, il se tourne vers une autre de ses passions : l’aviation militaire. Il devient rédacteur pour une revue spécialisée et se fait un nom comme expert des avions soviétiques.
La rencontre qui va tout changer
En 1980, un événement va bouleverser sa vie d’artiste : sa rencontre avec Julien Lepers, alors jeune compositeur avant de devenir l’animateur que l’on connaît. C’est la parolière Vline Buggy qui organise cette rencontre déterminante.
« Vline Buggy avec qui j’avais gardé des contacts m’avait dit que si elle trouvait le compositeur qui m’irait elle me le présenterait. Elle m’a convié un jour chez elle et m’a présenté Julien Lepers », expliquait Herbert Léonard en 2023 lors d’une émission sur C8.
Le trio Léonard-Lepers-Buggy donne naissance à « Pour le plaisir » en 1981, un titre qui devient immédiatement un tube planétaire. Cette chanson, je m’en souviens parfaitement, était diffusée partout au printemps 1981 et est restée en tête des ventes jusqu’à la mi-juillet de cette même année.
Les années de gloire
Suite à ce succès fulgurant, les tubes s’enchaînent pour Herbert Léonard :
- « Amoureux fous » (en duo avec Julie Piétri)
- « Quand tu m’aimes »
- « Sur des musiques érotiques »
- « Laissez-nous rêver »
Sa collaboration avec Julien Lepers et Vline Buggy continue de porter ses fruits tout au long des années 80. Le style musical d’Herbert Léonard, inspiré de Barry White mais avec « la voix un peu moins grave » comme il aimait à le préciser, séduit le public français. Ses chansons au ton sensuel et à la mélodie chaude font mouche.
Un autre grand moment de sa carrière fut « Puissance et gloire », générique du feuilleton télévisé « Châteauvallon » diffusé en 1985 sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2). Cette série, sorte de « Dallas à la française », réunissait 14 millions de téléspectateurs.
En moins d’une décennie, Herbert Léonard vend près de dix millions de disques. Les années 80 sont véritablement son âge d’or.
Le déclin et les problèmes de santé
Malheureusement, la carrière d’Herbert Léonard ne résiste pas au changement de décennie. Les années 90 voient son étoile pâlir, même s’il continue à enregistrer des albums et à se produire sur scène. Il participe notamment à la comédie musicale « Notre-Dame de Paris » où il remplace Daniel Lavoie dans le rôle de Frollo.
Les années 2000 et 2010 sont marquées par de nombreux problèmes de santé qui l’éloignent régulièrement de la scène – pourtant l’endroit où son public ne l’a jamais abandonné. En 2017, une embolie pulmonaire nécessite sa mise en coma artificiel pendant un mois. Plus tard, il est gravement touché par le Covid-19.
En mai 2023, il doit à nouveau être hospitalisé pour une infection qui le conduit à un traitement dans un établissement spécialisé. Sur son site internet, il écrivait avec optimisme en juillet 2023 : « Mi-octobre, tout devrait aller mieux et je pourrai reprendre la vraie vie… normale ».
Hélas, la maladie a fini par l’emporter ce 2 mars 2025.
L’héritage d’un artiste authentique
Je garderai toujours en mémoire cette voix si particulière, ce « Blue-eyed soul » comme disent les Américains pour désigner ces artistes blancs qui chantent du rhythm and blues. Herbert Léonard laisse derrière lui une œuvre riche et un style unique dans le paysage musical français.
Si vous n’avez jamais écouté ses tubes, je vous invite à découvrir :
- « Pour le plaisir » – son plus grand succès
- « Puissance et gloire » – le générique de Châteauvallon
- « Amoureux fous » – son duo avec Julie Piétri
- « Trois pas dans le silence » – son album culte avec Gérard Manset
En parallèle de sa carrière musicale, n’oublions pas sa passion pour l’aviation qui l’a conduit à publier plusieurs ouvrages spécialisés sur les avions de guerre, notamment soviétiques. Une facette moins connue de l’artiste qui montre sa richesse intellectuelle.
Aujourd’hui, nous disons adieu à Herbert Léonard, cet artiste qui a enchanté les années 80 de sa voix chaude et de ses mélodies sensuelles. Comme il le chantait lui-même en 1987 : « Tu ne pourras jamais m’oublier ». Et en effet, Herbert Léonard, nous ne t’oublierons jamais.
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