«Vice est à l’agonie» : un documentaire dévoile la chute inéluctable du «plus grand média mondial»
Imaginez un média qui, il y a seulement une décennie, se vantait de devenir « le plus grand et le plus cool au monde ». Vice, ce nom mythique du journalisme underground, a connu une ascension fulgurante, valorisée à 6 milliards de dollars en 2016. Pourtant, aujourd’hui, l’empire vacille, et un documentaire récent signé Eddie Huang dévoile avec un brin de mordant l’épopée et la chute sans appel de ce géant aux ambitions démesurées. La désillusion est totale : Vice, l’ancien symbole de la contre-culture numérique, se trouve à présent à l’état de coquille presque vide, tentant de se relancer dans un marché saturé, où l’audace ne suffit plus. La trajectoire de Vice illustre à la perfection un phénomène alarmant dans l’univers des médias : la difficulté à maintenir une audience fidèle face à la montée en puissance de nouveaux acteurs tels que Konbini, Brut, et Loopsider, ou encore ceux du journalisme moderne comme Mediapart, Le Monde, Libération, BuzzFeed ou Slate. La faillite de Vice soulève donc une question cruciale : comment perd-on tout son prestige et son influence en si peu de temps ?
La soif d’originalité et le rêve de domination médias chez Vice
Ce qui a propulsé Vice sur le devant de la scène, c’était cette volonté farouche de briser les codes, de raconter des histoires insolites, souvent à la limite. Shane Smith, le cofondateur, disait en 2016 vouloir faire de Vice « le plus grand média mondial tout en restant cool à jamais ». À cette époque, tout semblait possible : reports choc, vidéos provocantes, stunts audacieux. Mais cette quête de différenciation a rapidement ouvert la voie à des excès. Vous vous souvenez de cette époque où Vice s’engageait dans des reportages sur le sexe, la drogue, ou les zones de conflit, avec une insouciance qui presque frôlait la provocation gratuite. Désormais, cette stratégie s’est retournée contre eux, exposant leur incapacité à évoluer face à la concurrence et aux changements de l’opinion publique. La leçon à tirer ? La popularité débridée d’une marque nécessite une adaptation constante, ce que Vice n’a pas su faire face à la montée de médias plus sobres ou authentiques, comme Mediapart ou Les Inrockuptibles.
Les raisons derrière la débâcle de Vice selon le documentaire
- Une gestion financière désastreuse, avec une survalorisation et des investissements excessifs qui n’ont pas payé à long terme.
- Une perte de crédibilité, due à des reportages qui ont parfois frôlé la désinformation ou le sensationnalisme.
- Une incapacité à s’adapter aux nouvelles tendances numériques, notamment face à l’arrivée de médias comme BuzzFeed ou Konbini.
- Un alignement politique ambigu, qui a notamment été critiqué sur les réseaux sociaux et dans la presse.
- Une simplicité dans la diversification de ses contenus, sans véritable innovation pour renouveler son lectorat.
Les erreurs majeures qui ont précipité la chute de Vice
Face à ce déclin, certains analystes évoquent la faillite d’un modèle basé sur la « provoc » et l’authenticité à tout prix. Cette stratégie, si elle a permis à Vice de se démarquer, est devenue un gouffre en 2025, lorsque le public s’est tourné vers des contenus plus crédibles et moins médiatisés. La fin de Vice montre également l’impact de la révolution technologique : parfois, l’engouement pour des formats courts ou des vidéos virales a éclipsé la rigueur journalistique. Quand l’équipe a préféré miser sur le sensationnel plutôt que sur la qualité de l’information, cela leur a coûté cher, notamment dans un contexte où la confiance est devenue un enjeu vital pour tout média. Conséquence : les jeunes, initialement captivés par ces contenus percutants, ont fini par se détourner, préférant des plateformes plus authentiques et transparentes comme Mediapart ou Les Inrockuptibles.
Ce que Vice peut encore apprendre face aux géants du journalisme moderne
- Réinvestir dans l’éthique et la qualité : sortir du sensationnel pour privilégier la recherche de vérité en profondeur.
- Innover avec des formats diversifiés : intégrer la réalité augmentée, la vidéo immersive ou encore les podcasts de qualité.
- Régler ses comptes avec la ligne éditoriale : clarifier sa posture politique et éditoriale pour retrouver la confiance des audiences critiques.
- Se repositionner comme un média de référence : faire preuve de transparence et d’engagement, à l’image d’un Mediapart ou d’un Slate.
- Clarifier sa stratégie financière : maîtriser ses investissements pour assurer sa pérennité à long terme.
Vice à l’agonie, une alerte pour l’ensemble de l’industrie médiatique
Le cas Vice, raconté dans ce documentaire, est plus qu’un épisode de marketing raté. Il s’agit d’un signal d’alarme pour tous ceux qui croient encore que la simple provocation peut faire la différence. À l’ère où des médias tels que Le Monde ou Libération s’efforcent de maintenir leur crédibilité face aux défis numériques, Vice aurait pu trouver une voie pour se réinventer. Aujourd’hui, la chute de ce géant témoigne d’un besoin urgent d’authenticité, d’innovation, et de respect des attentes des lecteurs ou spectateurs. La médiatisation de ses erreurs devient une leçon cruciale pour tous les médias, qu’ils soient traditionnels ou innovants, comme ceux cités dans l’éducation ou dans la lutte contre la désinformation. La crédibilité et la cohérence doivent rester les piliers de toute démarche médiatique.
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