Affaire Bétharram : François Bayrou riposte face aux accusations
Le Premier ministre défend sa position et renvoie la responsabilité
Comment réagir quand on se retrouve au cœur d’une tempête médiatique et politique ? C’est la question à laquelle François Bayrou tente de répondre depuis plus d’une semaine. En tant que journaliste suivant cette affaire de près, je constate que le dossier Bétharram est devenu un véritable terrain d’affrontement politique.
Chronologie des événements et tensions parlementaires
Protagonistes | Position exprimée | Actions annoncées |
---|---|---|
François Bayrou | Nie toute intervention dans l’affaire | Pointe la responsabilité du gouvernement Jospin |
Ségolène Royal | Dénonce des « attaques indignes » | Porte plainte pour diffamation |
Elisabeth Guigou | Confirme avoir reçu les signalements | Affirme que « la justice a fait son travail » |
Paul Vannier (LFI) | Accuse Bayrou de « se défiler » | Promet de continuer à l’interroger |
Le 18 février dernier, lors des Questions au gouvernement, j’ai assisté à un moment politique particulièrement tendu. La députée socialiste Colette Capdevielle a interpellé directement le maire de Pau : « Le juge d’instruction Christian Mirande affirme vous avoir rencontré longuement. Ce juge a-t-il menti ? »
La réponse du Premier ministre a été claire : il n’est « jamais intervenu, ni de près ni de loin » dans cette affaire concernant des violences commises contre des élèves. Il a toutefois reconnu avoir pu discuter avec le magistrat, qui est son « voisin depuis 50 ans ».
La stratégie de défense : pointer d’autres responsabilités
François Bayrou a changé d’approche en passant de la défensive à l’offensive. Sa riposte s’articule autour d’un message central : si lui ne savait pas, d’autres étaient informés.
« J’affirme devant vous que le procureur général a tenu informée la Chancellerie sur ces affaires à quatre reprises dans l’année 1998 », a-t-il déclaré avec assurance.
Le Premier ministre cible spécifiquement plusieurs personnalités du gouvernement Jospin :
- Elisabeth Guigou, alors ministre de la Justice
- Claude Allègre, ministre de l’Education nationale (décédé en janvier 2025)
- Ségolène Royal, ministre déléguée à l’Enseignement scolaire
Cette stratégie vise clairement à détourner l’attention et à soulever une question légitime : quelles mesures ont été prises par ceux qui étaient informés ?
Réactions et contre-attaques
La défense de Bayrou a provoqué une vague de réactions. Ségolène Royal s’est dite « scandalisée » et a immédiatement évoqué une plainte pour diffamation. Elle a également rappelé l’existence de sa circulaire d’août 1997 concernant les violences faites aux enfants.
Elisabeth Guigou, quant à elle, a confirmé avoir reçu les signalements du procureur général, tout en précisant qu' »un garde des Sceaux ne se mêle pas de procédures judiciaires ».
Les partis de gauche restent peu convaincus par cette ligne de défense. La députée Dieynaba Diop s’est dite « ulcérée » tandis que Paul Vannier (LFI) accuse le Premier ministre de « nous faire croire qu’il serait victime d’une sorte de complot béarnais ».
Des soutiens qui restent fidèles
Je dois souligner que le Premier ministre conserve des appuis solides. Le député MoDem Philippe Vigier a pris sa défense : « Il ne s’agit pas de refiler la patate chaude. Il a simplement rappelé qu’après qu’il soit parti il y a 30 ans, il y a eu d’autres ministres. »
Pour ses partisans, l’affaire serait instrumentalisée par une opposition n’ayant pas réussi à faire tomber le gouvernement par les voies parlementaires classiques.
Vers une prolongation de la crise ?
Cette affaire, qui touche un établissement où le maire de Pau a scolarisé ses propres enfants et où son épouse a enseigné, semble loin d’être terminée. Les députés de l’opposition ont clairement indiqué qu’ils continueraient à interroger François Bayrou « tant qu’ils n’auront pas de réponse satisfaisante ».
En parallèle, Gérald Darmanin a annoncé des renforts pour le parquet de Pau afin de traiter « les très nombreuses plaintes, plus d’une centaine » déposées dans cette affaire.
Ce que nous pouvons retenir
Je constate que cette crise politique survient à un moment délicat pour François Bayrou, qui espérait pouvoir « respirer un bon coup » après le vote du budget de la Sécurité sociale au Sénat.
L’affaire Bétharram, qui concerne des violences et abus sexuels commis dans un établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques, risque de continuer à peser sur son mandat. La contre-attaque du Premier ministre montre sa volonté de ne pas rester sur la défensive, mais la multiplication des témoignages et l’ampleur du drame humain maintiennent ce dossier sous les projecteurs.
Dans cette affaire où s’entremêlent responsabilités politiques et drames personnels, il est essentiel de rappeler que la justice continue son travail pour faire la lumière sur les faits et que l’affaire Bétharram reste avant tout un scandale où François Bayrou contre-attaque pour défendre sa position.
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