Mon mari me reproche de ne pas aller vers lui : comment sortir de cette impasse ?
Mon mari me reproche de ne pas aller vers lui, et cette phrase résonne dans ma tête comme un disque rayé. Je me suis longtemps demandé si j’étais seule à vivre cette situation, avant de réaliser que c’est l’un des motifs les plus fréquents en consultation conjugale. Derrière ce reproche se cache souvent un besoin mal exprimé, une frustration accumulée, et parfois même une incompréhension profonde entre les partenaires.
Ce que révèle vraiment ce reproche
| Dimension | Ce qu’il exprime | Ce qu’il cache |
|---|---|---|
| Émotionnelle | Sentiment de rejet | Besoin de reconnaissance |
| Physique | Manque d’affection | Désir d’être désiré |
| Relationnelle | Déséquilibre perçu | Peur de l’abandon |
| Sexuelle | Absence d’initiative | Questionnement sur l’attirance |
Quand un conjoint formule cette plainte, il exprime rarement une simple demande factuelle. Derrière ces mots se dissimule généralement un appel à la connexion, une soif de complicité ou un besoin de se sentir valorisé. J’ai constaté en accompagnant des couples que cette remarque surgit souvent après des mois, voire des années d’accumulation silencieuse.
Comprendre les freins qui vous retiennent
Les obstacles invisibles
Le manque d’élan vers l’autre ne traduit pas systématiquement un désintérêt. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette distance :
- La charge mentale qui occupe chaque recoin de votre esprit et ne laisse aucune place à la spontanéité
- L’épuisement physique qui transforme chaque geste d’affection en effort supplémentaire
- Les blessures émotionnelles non résolues qui créent une barrière inconsciente
- La peur du rejet après des tentatives précédentes mal accueillies
- Le déséquilibre relationnel où vous avez l’impression de toujours donner sans recevoir
- Les différences de rythme entre votre désir et celui de votre partenaire
Je me souviens d’une patiente qui me confiait : « Comment puis-je avoir envie de lui quand je passe mes journées à gérer les enfants, le travail, la maison, et qu’il ne voit même pas tout ce que je fais ? » Cette réalité touche énormément de femmes qui portent un fardeau invisible.
Le piège du désir réactif
Un élément essentiel à comprendre : chez de nombreuses femmes, le désir fonctionne différemment. Il n’est pas toujours spontané mais plutôt réactif, c’est-à-dire qu’il apparaît après la mise en place d’un contexte favorable. Ce n’est ni une anomalie ni un problème, simplement une réalité physiologique et psychologique que beaucoup ignorent.
Rétablir le dialogue sans tomber dans l’accusation
Transformer le reproche en échange constructif
La communication représente la clé pour dénouer cette situation. Plutôt que de subir le reproche comme une attaque, je vous suggère d’initier une conversation apaisée. Choisissez un moment calme, loin des tensions quotidiennes, et exprimez-vous avec sincérité.
Voici une approche que j’ai vue fonctionner à maintes reprises : « Quand tu me dis que je ne viens pas vers toi, j’entends que tu souhaites davantage d’initiatives de ma part. Mais j’aimerais qu’on explore ensemble ce qui me freine actuellement, pour qu’on trouve un terrain d’entente qui nous convienne à tous les deux. »
Exprimer vos propres besoins
Votre partenaire a des attentes légitimes, certes, mais vos besoins méritent également d’être entendus. Le reproche constant peut justement créer un cercle vicieux : plus il se plaint, moins vous avez envie d’aller vers lui, ce qui intensifie sa frustration.
J’encourage souvent les femmes à formuler ainsi leur ressenti : « Lorsque tu exprimes ce reproche, je me sens jugée et sous pression, ce qui paradoxalement réduit encore mon désir de spontanéité. J’ai besoin de me sentir en sécurité affective et détendue pour avoir naturellement envie de me rapprocher de toi. »
Reconstruire la connexion progressivement
Réinvestir la sensualité au quotidien
L’erreur commune consiste à réduire « aller vers lui » à la dimension sexuelle uniquement. Or, la sensualité englobe un spectre bien plus large d’interactions qui nourrissent l’intimité du couple.
Quelques pistes concrètes :
- Se regarder vraiment lors des conversations, sans téléphone ni distraction
- Se toucher régulièrement de manière non sexuelle : une main sur l’épaule, une caresse dans les cheveux
- Partager des moments de plaisir commun qui ravivent la complicité : cuisiner ensemble, danser dans le salon, rire devant une série
- Complimenter sincèrement sur des aspects physiques ou caractériels que vous appréciez
- Créer des rituels de tendresse comme un baiser prolongé le matin ou un câlin de retrouvailles le soir
Une patiente m’a raconté comment elle avait commencé simplement en envoyant un message affectueux chaque midi à son conjoint. Ce petit geste a progressivement transformé leur dynamique, car il se sentait pensé pendant la journée.
Varier les formes d’initiative
Prendre l’initiative ne signifie pas nécessairement proposer un rapport sexuel. Les possibilités sont multiples et peuvent correspondre davantage à votre personnalité ou votre état d’esprit du moment :
- Proposer une sortie en amoureux que vous organisez de A à Z
- Initier une conversation profonde sur vos rêves, vos projets communs
- Créer une ambiance particulière un soir : bougies, musique, repas spécial
- Porter une tenue qui lui plaît, juste pour le plaisir de son regard
- Lancer un jeu érotique ou sensuel sans objectif précis, juste pour explorer le plaisir ensemble
Un exercice pratique inspiré de la thérapie conjugale
Voici une méthode que je propose régulièrement aux couples en consultation et qui porte ses fruits :
Première étape : Chacun note individuellement trois gestes ou attentions qu’il aimerait recevoir pour se sentir désiré et aimé. Soyez précis : « que tu me prennes dans tes bras quand je rentre » plutôt que « plus d’affection ».
Deuxième étape : Échangez vos listes lors d’un moment tranquille, sans jugement ni commentaire négatif.
Troisième étape : Chacun choisit un geste de la liste de l’autre qu’il s’engage à offrir dans la semaine, sans attendre de réciprocité immédiate.
Quatrième étape : Après une semaine, faites le point ensemble sur ce que vous avez ressenti en donnant et en recevant ces attentions.
Cet exercice relance la dynamique du désir dans la bienveillance plutôt que dans l’obligation ou le reproche.
Identifier et lever les blocages profonds
Quand la charge mentale tue le désir
Si votre quotidien ressemble à une course permanente où vous gérez tout, votre cerveau n’a simplement plus d’espace disponible pour le désir. Ce n’est pas une question de volonté mais de capacité mentale saturée.
Dans ce cas, la solution ne réside pas dans un effort supplémentaire de votre part pour « aller vers lui », mais dans un rééquilibrage des tâches et responsabilités au sein du couple. J’ai accompagné plusieurs couples où le simple fait que le conjoint prenne en charge véritablement certaines responsabilités (pas juste « aider ») a suffi à libérer l’espace mental nécessaire au retour du désir.
Quand des ressentiments non dits créent une barrière
Parfois, l’impossibilité d’aller vers l’autre cache des blessures accumulées, des déceptions non exprimées, des moments où vous ne vous êtes pas sentie écoutée ou soutenue. Ces ressentiments agissent comme un mur invisible entre vous.
Il devient alors indispensable d’aborder ces sujets ouvertement, idéalement avec l’accompagnement d’un thérapeute conjugal qui facilitera cette parole difficile et évitera que la discussion ne dégénère en conflit.
Quand consulter un professionnel
Certains signaux indiquent qu’un accompagnement extérieur serait bénéfique :
- Les discussions tournent systématiquement en reproches mutuels
- Vous ressentez un blocage émotionnel ou physique que vous ne parvenez pas à comprendre
- Le fossé entre vous deux continue de se creuser malgré vos tentatives
- Des traumatismes passés (dans votre histoire personnelle ou conjugale) interfèrent avec votre capacité d’intimité
- Vous êtes dans une impasse depuis plusieurs mois sans amélioration
Un conseiller conjugal ou un sexologue peut apporter un regard neutre, des outils concrets et un espace sécurisé pour explorer ces questions délicates. Ce n’est pas un échec de consulter, c’est au contraire faire preuve de maturité et d’engagement envers votre relation.
Cultiver le désir plutôt que le forcer
L’erreur fondamentale serait de chercher à « aller vers lui » par devoir ou culpabilité. Le désir authentique ne se commande pas, il se cultive patiemment à deux. Cela suppose de créer les conditions favorables : sécurité affective, équilibre relationnel, moments de qualité, communication ouverte, reconnaissance mutuelle.
Je compare souvent le désir à une plante : vous ne pouvez pas tirer dessus pour la faire pousser plus vite, mais vous pouvez lui offrir le bon terreau, de l’eau, de la lumière. Le reste viendra naturellement.
Une invitation ?
Si votre mari vous reproche de ne pas aller vers lui, considérez cette remarque non comme un verdict sur votre valeur ou votre amour, mais comme une invitation à mieux comprendre vos langages respectifs du désir et de l’affection. Cette situation délicate peut devenir une opportunité de renforcer votre lien, à condition d’aborder le sujet avec ouverture, empathie et honnêteté. N’oubliez pas que vous n’êtes pas seule à vivre cela : mon mari me reproche de ne pas aller vers lui, c’est une réalité partagée par d’innombrables couples qui, avec les bons outils et parfois un accompagnement adapté, parviennent à retrouver une dynamique satisfaisante pour les deux partenaires.



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