Un sans-abri, sexagénaire affaibli et d’origine tchèque, au français hésitant et marginalisé suite à un non-renouvellement de son titre de séjour, a été retrouvé mort de froid jeudi matin dans un parking (sur une rampe plus précisément) situé au sein d’un quartier résidentiel parmi les plus huppées de la capitale. Notons qu’il avait effectué une demande d’accueil en hébergement d’urgence restée sans suite en dépit d’une santé sur le déclin. Ce nouveau fait divers relance le débat houleux du mal-logement en France. L’hiver est la saison la plus terrible pour les SDF (Sans Domicile Fixe), qui sont beaucoup plus nombreux que nous pourrions l’imaginer (leur nombre a augmenté de 84% dans la capitale entre 2001 et 2012 selon l’INSEE). Le froid, ralentissant les défenses immunitaires, occasionne des décès toujours trop nombreux (26 depuis le début de l’année 2016) que nous ne pouvons que déplorer. Les moyens seraient-ils insuffisants pour les aider ? Seraient-ils réticents envers les mains que les services d’urgence leur tendent ? Ou pire les ignorons-nous tels des fantômes invisibles à nos yeux indifférents ? Nos oreilles seraient-elles sourdes à leur douleur assumée avec dignité ?
Une fin à la tristesse accablante pour un sexagénaire emporté par le froid
Le froid sévissant sur la capitale est le fautif, tout trouvé et idéal car écartant (mais nous ne sommes pas dupes) toute responsabilité ou erreur humaine, aux origines de la mort d’un SDF de 66 ans dans le quartier où il avait ses habitudes et situé dans le huitième arrondissement de Paris. Le sexagénaire aurait été hélas emporté par la vague de froid ayant particulièrement sévi dans la nuit de mercredi à jeudi, d’après notre source, l’association Les enfants du Canal, citée par RTL qui a annoncé cette nouvelle aussitôt sa confirmation divulguée par la Préfecture de Paris. Cette dernière a dépeint l’homme comme « réputé fragile », ce qui en plus du froid largement situé dans des minimales négatives lors de la nuit, a provoqué sa « mort des suites d’un arrêt cardio-respiratoire », aux prémices de l’aube, légèrement avant la découverte inerte de son corps vers 8 heures ce matin. L’hiver a pris ses aises, jouant dangereusement au yoyo avec le thermomètre, ce qui met à mal les SDF tout juste protégés par leurs oripeaux ou des abris de fortune si un lit ne leur est pas gracieusement prêté l’espace d’une nuit notamment par le SAMU social qui effectue des patrouilles nocturnes.
Des signes avant-coureurs et une demande d’hébergement hélas négligés ?
D’après les Enfants du Canal, qui souligne un fait blâmable mais confirmé de source officielle, le SDF avait effectué une demande d’hébergement d’urgence auprès des services de l’État (SIAO) et ce depuis le 9 décembre 2015. Ce qui veut dire qu’en l’espace de plusieurs semaines, sa demande n’aura pas été traitée avec la promptitude nécessaire, en dépit d’une insuffisance cardiaque attestée. La préfecture reconnaît cette erreur d’appréciation face à une situation critique tout en avouant qu’il est très difficile d’établir une priorité pour telle personne au lieu d’une autre dans l’attribution des places. Elle a cependant décidé de renforcer derechef les capacités d’accueil dans des centres ou espaces adaptés au maillon loin d’être négligeable à Paris : de nouvelles places ont été mises à disposition en plus des quelques 1500 déjà disponibles pour Paris intra-muros. Le problème d’adéquation entre la requête d’un toit, aussi provisoire soit-il, et des SDF dont les rangs s’allongent à n’en plus finir, pourra-t-il être résolu ? Les associations réclament toujours plus de moyens. En tout cas, l’Etat entend se montrer exemplaire à l’avenir et pourvoyeur de lits à foison pour résoudre un casse-tête très difficile.
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