C’est une poignée de neurones, une trentaine pour être plus précis, qui viennent d’être identifiés dans l’hypothalamus, pour leur rôle-clé dans la gestion de la douleur. Ils sont en effet le lieu de stockage et libérateur d’une hormone naturelle, à savoir l’ocytocine, nantie ainsi d’une nouvelle vertu : celle de pouvoir inhiber la douleur, en étant diffusée pour y répondre, dans le sang et la moelle épinière. C’est le fruit bénéfique d’une étude internationale, sous la responsabilité coordinatrice du professeur Alexandre Charlet, du CNRS de Strasbourg, publiée jeudi 3 mars 2016 dans la revue américaine Neuron.
Pour atténuer la sensation de douleur, l’ocytocine contribue fortement à endormir son signal
Lors d’une sensation de douleur jugée importante, l’information remonte par les nerfs périphériques jusqu’aux neurones de la moelle épinière. Ces derniers traitent alors de façon ad hoc l’information et la transmettent « à d’autres neurones, parmi lesquels une petite population de 30 cellules de petite taille du noyau paraventriculaire de l’hypothalamus (…). En retour, ils activent une famille de gros neurones, les neurones magnocellulaires, dans une autre région de l’hypothalamus, qui libèrent l’ocytocine dans la circulation sanguine. La cible : les neurones périphériques qui continuent d’envoyer au cerveau le message responsable de la sensation douloureuse. L’ocytocine vient les endormir et de ce fait, diminuer la douleur », selon le CNRS qui décrit très bien un mécanisme des plus interactifs et rodés que l’on puisse imaginer, reposant sur seulement 30 neurones, qui se révèlent indispensables et très sollicités, parmi une population estimée à 100 milliards dans l’ensemble du cerveau. Ce sont les chefs d’orchestre destinés à taire la douleur et dont la musique lénifiante serait l’ocytocine.
L’ocytocine, libérée par une trentaine d’irréductibles neurones, a en réalité un double impact
Une fois le rôle inhibiteur déclenché par réflexe, le prolongement de ces 30 neurones -appelés axones et pouvant atteindre jusqu’à un mètre ce qui est surprenant au vu de leur taille lilliputienne- atteint la plus profonde des 10 couches de la moelle épinière. « C’est précisément à cet endroit, où le message sensoriel est codé en intensité, qu’ils libèrent l’ocytocine. Ils diminuent donc, par deux voies simultanées, la reconduction du message douloureux au cerveau ». La douleur est ainsi soulagée doublement grâce à l’ingéniosité de ces 30 neurones qui ciblent et visent au plus juste, avec pour arme faisant office d’analgésique endogène, la divine ocytocine. Les chercheurs ne cachent pas leurs ambitions, et très motivés, souhaitent avec beaucoup d’envie « trouver des marqueurs génétiques capables d’activer ou inhiber de manière spécifique ces trente neurones ». Le but à atteindre désormais, véritable challenge scientifique, est une atténuation des symptômes de patients profondément affectés par des douleurs pathologiques. En attendant, nous connaissons déjà les automatismes de l’ocytocine.
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