Une société britannique, baptisée Coexist et basée à Bristol, est solidement calée dans les starting-blocks de la tolérance, vis-à vis des femmes travaillant en son sein, puisque l’inauguration fortement envisagée d’un congé qualifié de « spécial règles » verra sans doute le jour très prochainement. Il est destiné essentiellement à soulager des femmes en proie à une souffrance, liée aux cycles menstruels, atteignant parfois des sommets relevant du registre de l’insoutenable. De l’adolescence (entre 12,5 et 13,5 ans) jusqu’à la ménopause (qui intervient entre 45 et 55 ans), les femmes sont soumises, sauf à de rares exceptions, aux règles qui reviennent, de façon périodique et peuvent se montrer fâcheusement douloureuses avec parfois même d’inquiétants saignements anormaux. Cette blessure intime, soumise à leur horloge biologique, peut se révéler invalidante, surtout pour les femmes engagées dans la vie active, qui tentent de la cacher mais parfois explosent de douleur. L’idée de Coexist, consistant à un aménagement de leurs conditions de travail, se déclinerait idéalement ainsi pour satisfaire un confort mérité : des congés menstruels payés mais sans abus (une à deux journées) ou le travail à la maison pendant les 3 à 7 jours que durent en moyenne leurs menstruations. Suivez nos explications.
Coexist prend en compte -et c’est une première européenne- la souffrance pouvant accompagner les règles
« J’ai géré beaucoup de femmes durant ma carrière et j’en ai vu certaines pliées en deux pendant leurs règles », explique Bex Baxter codirectrice de Coexist, au quotidien qu’est le Bristol Post. Humainement elle a décidé d’agir en aménageant le quotidien, s’avérant chamboulé au moment des règles, de toutes ses employées, qui sont soumises au sein de cette entreprise, désormais à une règle (c’est le cas de le dire) qui est la même pour toutes, par souci d’équité. Nous y reviendrons plus loin après vous avoir éclairé avec quelques données statistiques précieuses pour étayer notre argumentation de façon optimale : 8 femmes sur 10 avouent sentir des modifications corporelles pendant leurs menstruations et 3 à 10 % de ces dernières souffrent d’un syndrome qualifié de prémenstruel. Si l’on se fie au défi relevé et réussi d’un sondage mondial, 17% des femmes et jeunes filles (les règles surviennent en moyenne à l’âge médian de 13 ans et perdurent jusqu’à la ménopause) ont déjà été portées absentes, au moment de leurs cycles menstruels porteurs d’une souffrance qu’elles ne peuvent plus taire, soit au bureau soit à l’école. L’option « cocooning » semble alors en effet la plus avisée et Coexist l’a compris.
Une direction, à l’écoute de ses employées, va adopter des solutions en cas de menstruations ingérables
Se confiant, en plongeant dans ce qui est du registre le plus intime qui soit, pour lever le voile souvent ressenti comme honteux sur un sujet encore tabou, Bed Baxter a évoqué sa propre expérience dans les colonnes du Toronto Star, avouant très décomplexée sa problématique : « J’ai déjà manqué le travail car il m’arrivait de m’effondrer ou de me retrouver couchée par terre à l’agonie. » Bex Baxter considère que l’instauration d’un congé menstruel, serait pour ceux ayant un a-priori négatif, productif : « Juste après leurs menstruations, elles (les femmes) connaissent un printemps où leur productivité est multipliée par trois. » La firme Coexist, que nous saluons pour son initiative (inspirée du modèle asiatique et née au Japon qui a ouvert la voie dès 1947) est d’une petite taille avec 24 employés dont 17 femmes mais son idée est grande et se déclinera sans aucun doute ainsi : travailler à domicile ou prendre un ou deux jours de congés payés si une femme doit supporter des règles à la souffrance indéniable. Le 15 mars prochain, Coexist accueillera de plus un séminaire intitulé « S’engager pour une politique des règles : valoriser les cycles naturels au travail », avec déjà 50 entreprises intéressées.
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