Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, a autorisé les médecins expérimentés dans la prise en charge du VIH qui exercent dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (appelés aussi CeGIDD) à prescrire le Truvada qui sort donc du milieu hospitalier, en ayant depuis début novembre 2015, l’exclusivité en termes de délivrance, avec comme condition inévitable, le fait de participer à des consultations préventives. C’est un arrêté du Journal Officiel du 10 juin 2016, qui valide cette élargissement de compétences pour les CeGIDD, qui sont, reconnaissons-le, de par un anonymat rassurant qui prévaut pour les dépistages de MST par exemple, des lieux d’accueil à même d’attirer des personnes se sentant marginalisées car « éloignées du système de santé » pas si égalitaire.
Le Truvada, prescrit exclusivement dans les hôpitaux, peut être délivré dans des CeGIDD par un médecin habilité
C’est précisément l’hôpital Saint-Louis à Paris qui a pratiqué des premiers essais cliniques. Il en est ressorti une statistique porteuse d’espoirs. Une diminution de 86% du risque d’infection grâce à la prise de ce médicament utilisé en mode préventif chez des sujets qualifiés à risques après une étude émanant de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) dont les résultats ont été publiés en février 2015). Les personnes en majorité concernées étaient les homosexuels ainsi que les prostituées. D’où la volonté de Marisol Touraine d’aller, encore plus loin, encore plus près, à la rencontre de ces populations davantage exposées, avec pour des hôpitaux demandeurs, une complémentarité pour les aider à faire face, par le biais des CeGIDD, qui viennent tout juste d’éclore le 1er janvier 2016. Le Truvada bénéficie d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) qui permet de prescrire ce médicament, dont l’objectif fixé est de lutter efficacement contre le VIH, mais de façon préventive : aucune alternative curative n’a pour l’instant fait ses preuves et le préservatif demeure encore de rigueur. Depuis cette RTU, 800 personnes ont déjà reçu cette prophylaxie pré-exposition (PrEP).
Le Truvada est une innovation américaine qui a déjà fait ses preuves et est délivrable depuis 2004 aux Etats-Unis
Le Truvada, qui est né aux Etats-Unis, est un des premiers médicaments qui combinaient plusieurs inhibiteurs dans une seule prise quotidienne pour une posologie respectée et des oublis se révélant moins fréquents. Le Truvada, répondant au nom scientifique bizarre de « emtricitabine/ténofovir », résulte des travaux de la compagnie Gilead Sciences et il fut approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) le 2 août 2004. Comme en France, nos voisins d’outre-atlantique ont patiemment effectué des recherches, par mesure de précaution, et pour avoir le précieux feu vert de mise sur le marché. Donc, les antirétroviraux comme l’emtricitabine/ténofovir montrent déjà une certaine prévention. À la suite de ces recherches, les USA ont approuvé l’utilisation du Truvada en prophylaxie. Notamment, il est très utilisé dans le milieu de la pornographie en complément des tests de dépistage lors du tournage de scènes sans protection. Il porte alors le nom de PrEP (Pre-Exposure Prophylaxis). En France, le prix mensuel en pharmacie hospitalière est de 460€ (pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale sur ordonnance depuis le 4 janvier 2016 : ce sera de même le cas dans les CeGIDD).
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