Sans doute le premier handicap physique national si l’on se se base sur le nombre de personnes qui en sont affectées en France, la surdité s’accompagne également de souffrances psychiques, largement méconnues voire même ignorées, à prendre très au sérieux. Le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) a publié une enquête sur la santé mentale de cette population se révélant à risques vis-à-vis d’elle-même notamment en ce qui concerne les idées suicidaires et s’avérant plus exposées aux violences physiques, psychologiques et sexuelles. L’attente d’une réaction des pouvoirs publics est énorme.
Les sourds et malentendants en quelques données nous éclairant sur eux
En l’absence de statistiques officielles ou se contredisant suivant les études portant sur ce qui est le handicap le plus répandu en France, nous tiendrons compte des données émanant du Ministère de la Santé : 6,6 % de la population souffrirait d’un déficit auditif. Ceci équivaut à 4 millions et 92 000 personnes. Les personnes « devenues sourdes » ainsi que les personnes âgées représentent 88 % de cette population. 600 000 malentendants portent un appareil auditif. La surdité congénitale touche un nouveau né sur 1000 soit un ratio de 700 enfants sourds chaque année. Toutes ces informations proviennent du site de l’UNAPEDA (Union Nationale des Associations de Parents d’Enfants Déficients Auditifs) fondée le 13 mars 2014.
Décryptage de l’étude sur leur santé mentale et ses chiffres-clés à retenir
Des chercheurs de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) ont conduit une enquête en 2011-2012 auprès de 2 994 personnes de 15 ans et plus vivant avec une acuité auditive amoindrie ou présentant des troubles de l’audition. L’impact psychologique du handicap physique s’illustre de diverses manières. Les pensées suicidaires sont 5 fois plus fréquentes chez les personnes souffrant de troubles auditifs que dans la population générale. Les tentatives de suicide étaient également 3 fois plus importantes que dans la population générale. Dernière inquiétude et pas des moindres : les violences subies engendrent 2 à 3 fois plus de plaintes qu’à l’accoutumée.
Quelles sont les raisons devant tirer la sonnette d’alarme psychologique ?
Les auteurs du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) ont cherché la source de ces idées noires à foison et -nous les citons- en sont arrivés à cette hypothèse qu’ils jugent la plus plausible : « On peut poser l’hypothèse que la gêne liée aux troubles de l’audition ainsi que la fatigue liée aux efforts de communication pour les deux sexes sont tellement importantes qu’elles permettraient d’expliquer en partie l’absence de différence homme-femme sur la prévalence des pensées suicidaires qui existent en population générale. » Le mal-être dans lequel ils sont englués s’explique donc d’abord par la gêne inhérente à leurs troubles, la fatigue à échanger avec autrui, une activité restreinte et les violences abusives à fustiger.
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