85 jours ! Serait-ce une illusion d’optique, que ce chiffre, qui ne reflète peut-être rien pour vous, délivré tel quel et dépourvu de toute argumentation ? Et bien nous allons vous éclairer tout de suite. Il est le fruit loin d’être vertueux de la seconde étude, précédée d’une autre en 2014, réalisée par Yssup Research pour le groupe Point Vision qui atteste en effet d’une hausse moyenne d’attente s’élevant désormais à 85 jours pour y voir plus clair chez un ophtalmologiste en France (cependant de fortes disparités sont à noter entre les départements qui sont l’échelle retenue par les auteurs de l’étude). Nul besoin d’avoir une acuité de lynx pour comprendre qu’il faut s’armer de patience pour ce qui relève hélas d’un véritable parcours du combattant. Pour écourter l’obtention d’un précieux sésame pour une évaluation de la qualité de ses yeux, capital santé des plus précieux, chez les ophtalmologistes, des réformes se révèlent plus que jamais nécessaires pour une prise en charge plus rapide : c’est le souhait émis avec une certaine fermeté de tous les patients et une nécessité que les autorités de santé publique ne peuvent plus occulter. Des prises de décision ad hoc pour accoucher de mesures concrètes doivent être mise en place pour aérer les agendas des spécialistes moins nombreux et ne plus abuser de la patience qui s’use de leur patientèle en hausse.
L’avenir de nos yeux passe par un accès présent et menacé qui est très long pour une consultation
Il convient de souligner qu’en 30 ans, les nécessités de consulter pour des soins oculaires ont été multipliés par trois en France. La demande est ainsi passée de 11,5 millions d’actes en 1980 à 32 millions d’actes en 2010 ! Ces chiffres grossiront du fait notamment d’une population vieillissante avec des problèmes visuels liés spécifiquement aux personnes âgées tels que le glaucome ou la DMLA. Cependant deux écueils majeurs se posent : l’un à l’heure actuelle (le délai d’attente pour espérer avoir un rendez-vous se distingue avec des disparités énormes entre les différentes pièces composant le puzzle hexagonal avec des écarts allant de moins de 20 jours dans les Alpes-Maritimes à 168 jours dans le Finistère) et le second dans un futur plutôt sombre et pas si lointain (75% des 5 800 ophtalmologistes en activité en France ont plus de 50 ans et ils seront moins de 4 000 d’ici 2025, la relève n’étant nullement assurée avec une pénurie de jeunes internes séduits par cette spécialité qui devraient être 240 chaque année -ils sont moitié moins- pour pallier aux départs en retraite des praticiens). Le tableau tel que dépeint ainsi ne rassure personne, Marisol Touraine, en premier lieu, qui a compris la nécessité impérative d’agir au plus vite, le problème pouvant s’aggraver dans des proportions difficiles à évaluer dans un avenir plus qu’incertain et pas si lointain. Voyons maintenant la cartographie de l’étude et les écarts flagrants entre territoires méritant un gommage.
Une France où le délai d’attente se révèle loin d’être uniforme suivant son département de résidence
Notons que le groupe Point Vision avait déjà effectué une première étude en 2014 et qu’en deux ans, le chiffre qui nous intéresse le plus n’est pas allé en s’améliorant : ainsi, le délai moyen pour faire évaluer sa vue a augmenté de 8 jours, passant à une moyenne de 85 jours pour la consultation contre 76 auparavant. Le sondage a été réalisé de la même façon pour la seconde vague qui nous concerne : il s’est déroulé entre novembre et décembre dernier auprès de 3239 ophtalmologistes de ville soit un échantillon très large et donc fortement représentatif de notre problématique. En tête de liste pour les départements où le délai d’obtention d’un rendez-vous est le plus long, le Finistère, avec environ 168 jours d’attente, puis l’Isère avec 163 jours. Arrivent ensuite, les départements de Seine-Maritime, Haute-Savoie, Ille-et-Vilaine et l’Oise avec plus de 140 jours d’attente. Suivent la Saône-et-Loire (125 jours), le Calvados (119 jours), le Pas-de-Calais (118 jours) et le Maine-et-Loire (112 jours). Si vous êtes pressé, il vaut mieux vous rendre chez un ophtalmo de l’un des départements suivants : les Alpes- Maritimes (moins de 20 jours d’attente), la Corse (35 jours), le Var (36 jours), les Bouches-du-Rhône et le Val de Marne (41 jours) . Enfin, à Paris, il faut compter entre 47 et 48 jours pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste (soit +22,9% par rapport à 2014). On le voit très bien l’accès équitable aux soins des yeux est loin d’être une règle exemplaire en vigueur.
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