En phase terminale d’un cancer, une adolescente britannique, âgée de seulement 14 ans, a été cryogénisée : son désir d’être réveillée et guérie, un jour, ne serait-il qu’un rêve d’enfant ? Le sujet fait débat. Il s’agit, en tous les cas, d’une grande première juridique en Grande-Bretagne. La France semblerait, à priori, davantage réticente.
Qu’est-ce que la cryogénisation ? Voici un essai de définition et une brève histoire d’un tel procédé existant et futuriste
Ce n’est pas une élucubration émanant de l’imagination débordante d’un fan de science-fiction : la cryogénisation, dont les premiers balbutiements remontent aux années 1960, est un procédé reposant sur des techniques en constante amélioration. Ce défi répond à un désir multiculturel et pluriséculaire, à savoir l’immortalité. La cryogénisation consiste à conserver un être humain, en état de mort clinique, dans l’azote liquide à une température de –196 °C. Il y a quelques années encore, il était difficile de conserver les «patients» en bon état, car la glace abîmait les tissus. Mais depuis 2004, la pratique de la «vitrification» empêche la formation de cristaux de glace. Un grand pas basé sur la nanotechnologie moléculaire. La cryogénisation, qui est déjà un business aux Etats-Unis, n’est cependant pas légale partout, notamment en France, où seules l’inhumation et l’incinération sont autorisées. La Grande-Bretagne vient tout juste de franchir un cap, avec une première autorisation, ouvrant la porte à ce procédé.
La requête émouvante d’une adolescente cancéreuse a su convaincre un juge de lui octroyer le droit d’être cryogénisée
Ainsi, ultime doléance émise avant sa mort, une adolescente, souffrant d’un cancer en phase terminale a remporté une victoire, qui est du registre du jamais vu, devant la justice britannique. Elle a été autorisée à être cryogénisée, dans l’espoir que la médecine puisse opérer deux miracles dans un futur indéfini : la ressusciter et la soigner. La décision, qui avait été statuée en octobre 2016, par le juge Peter Jackson, de la Haute Cour de Londres, n’a été rendue publique que ce vendredi 18 novembre 2016. Cette nouvelle n’a été divulguée qu’à cette date récente, suite aux souhaits de la défunte, qui avait également demandé l’anonymat le plus opaque sur son identité, qui n’a pas fuité. Sans doute aspirait-elle à une relative quiétude, dans ses derniers moments, et souhaitait-elle éviter toute investigation journalistique, surtout celle d’une presse à sensation ?
Une cryogénisation a un coût financier de 43 000 euros et le corps de la jeune adolescente est conservé…mais aux Etats-Unis
Se sachant condamnée inexorablement, elle avait écrit une ultime missive au juge, pour lui demander cette autorisation, inédite outre-manche. Ses mots posés sur le papier se sont révélés sobres mais touchants : « J’ai seulement 14 ans et je ne veux pas mourir mais je sais que je vais mourir, avait-elle expliqué. Je ne veux pas être enterrée. Je veux vivre plus longtemps et je crois que le fait d’être cryo-conservée me donne une chance d’être soignée et de me réveiller, même si c’est dans plusieurs centaines d’années. » Les parents divorcés de l’adolescente se sont mis d’accord, et ont enterré leurs divergences (la mère était d’accord d’emblée avec le souhait très fort de sa fille alors que son père était très réticent de prime abord). Notons, en effet, que le coût d’une cryogénisation est élevée, pour ne pas dire inabordable, mais les 43 000 euros requis, pour un hypothétique passeport pour l’éternité, ont été récoltés par les grands-parents. Le corps cryogénisé de la défunte a été transféré, aux Etats-Unis, où des établissements sont spécialisés, dans l’excellente conservation de plus de 300 cryogénisés à ce jour.
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