Vieillesse et isolement forment un duo néfaste en ce qui concerne les troubles de l’alimentation qui n’ont cependant pas d’âge. Une étude japonaise récente vient de prouver que le fait presque théâtral de se nourrir en regardant son reflet en faire de même dans un miroir ou posant son regard sur une photo de soi s’adonnant aux plaisirs de la bonne chère auraient tous deux un impact bénéfique sur un appétit en berne. Nous parlons, dans un jargon psychologique, de « facilitation sociale ».
Qu’est-ce que la notion psychologique de « facilitation sociale » et en quoi intervient-elle sur les divers troubles alimentaires ?
Manger avec une personne ou un groupe de convives donnerait un coup de pouce indéniable à notre coup de fourchette. Ce phénomène possède un nom relevant de la psychologie. On parle de « facilitation sociale » que nous pouvons définir ainsi : la présence bénéfique d’autrui du moment de l’accomplissement d’une tâche a une influence certaine et directe sur nos performances. Pour être plus précis, la présence d’autrui (réelle ou onirique) augmente les performances individuelles dans la réalisation des tâches simples ou routinières. Afin de saisir tous les enjeux autant que l’impact de ce phénomène, des chercheurs émérites de l’Université de Nagoya (l’une des universités impériales du Japon fondée en 1939) ont cherché à savoir si la présence d’un tiers était indispensable…ou si, beaucoup plus surprenant et insolite, un reflet dans un miroir pouvait efficacement se substituer au mimétisme sociable d’un repas partagé.
Une étude japonaise, en appelant d’autres plus approfondies, prouve que manger en face de soi-même augmente l’appétit
L’étude a été conduite en deux phases successives avec tout d’abord un panel composé d’adultes âgés avant de se focaliser ensuite sur un panel d’adultes plus jeunes. Le résultat a été des plus surprenants si on se fie sur leur publication dans la revue Physiology & Behavior. Il conduit de façon étayée scientifiquement sur cette troublante conclusion : on mangerait plus et de meilleur appétit face à soi-même qu’en solo face-à-face à un mur. Une image fixe d’une personne en train de se rassasier aurait un effet similaire de « facilitation sociale ». Il convient cependant de noter ainsi que de nuancer ces conclusions qui gagneraient beaucoup à être étoffées. Il faudrait à l’avenir se reposer sur des cobayes humains plus nombreux et en dépassant les frontières sociétales du Japon pour voir leur éventuelle portée universelle. Un facteur temps plus long s’avère nécessaire également. L’appétit des personnes isolées sera-t-il résolu ?
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