La présence de résidus « potentiellement toxiques » dans l’intimité des tampons et serviettes hygiéniques !

par | 11 Juin 2023

Tampon

Après avoir dressé une liste fouillée des produits cosmétiques les plus dangereux pour la peau, le magazine 60 millions de consommateurs a maintenant dans sa ligne de mire, dans son numéro de mars, la présence de résidus qui seraient « potentiellement toxiques » – dioxines, glyphosate et autres pesticides – et présents dans les tampons et protections féminines et ce pas uniquement dans des marques de seconde zone : de grands groupes sont également visés par le mensuel. Familiers de la flore vaginale à laquelle ils se frottent lors des cycles menstruels, ces produits sont censés être d’une hygiène irréprochable. Il se révèle que 5 sur 11, passés au crible d’analyses pointues pour les besoins de cette enquête, contiendraient des perturbateurs endocriniens. Si le mensuel étant sous la responsabilité de l’Institut national de la consommation (INC),  veut éviter tout dépassement polémique en ne versant pas de l’huile sur le feu avec abondance (« les niveaux relevés sont faibles » pour le citer), il déclare cependant l’état d’urgence, se basant sur les risques sanitaires, à l’échelle de la personne, dus à l’état douteux des tampons. On peut résumer ainsi la triple exigence émanant de l’INC se voulant féministe : une plus grande transparence ; des contrôles plus rigoureux ; un étiquetage de la composition.

L’exemple déjà connu du RoundUp dans des serviettes hygiéniques en Argentine censées être « bio » à travers la présence d’un composant actif supputé cancérigène : le glyphosate 

Les tampons ou serviettes hygiéniques sont des produits couramment utilisés lors des cycles menstruels par l’immense majorité (surtout sous nos cieux occidentaux) des femmes depuis la puberté et jusqu’à la ménopause. Les chiffres éloquents risquent de vous impressionner. En France, selon l’INSEE, 16 millions de femmes âgées de 13 à 50 ans sont des utilisatrices potentielles des protections hygiéniques sous forme de tampon. La multinationale Procter and Gamble commercialisant la marque la plus vendue du monde, Tampax, estime que plus de 100 millions de femmes en auraient l’usage à l’échelle planétaire. Toutes ces femmes se heurtent cependant au mur du non-dit concernant la conception des tampons qui épousent leur intimité par intermittence. Le marché autour de ces produits d’hygiène et de confort intimes est des plus lucratifs. La révélation  de l’an dernier de l’Université de La Plata joue nettement en la défaveur des fabricants, qui se trouvent soudain en position pour le moins inconfortable et cela risque de les contraindre à de plus en plus de clarté envers leurs clientes. Le diktat du silence est presque KO. A en croire un rapport de l’Institut International de Recherche sur le Cancer, organisme sous la houlette de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), le glyphosate est considéré comme « probablement cancérogène ». La présence de glyphosate, dans les protections intimes commercialisées en Argentine, serait imputable au fait que presque la totalité du coton cultivé dans ce pays est génétiquement modifié et copieusement arrosé au Roundup (dont le glyphosate est le principe actif). C’est loin d’être de bon augure pour les utilisatrices de ces produits en Argentine mais la question que nous nous posons tous est : qu’en est-il en France ? D’où viennent les matières premières entrant dans la composition des serviettes et tampons hexagonaux ? Une étude semblable serait appropriée.

Des voix s’élèvent pour qu’un vent nouveau balaie le diktat de l’obscurantisme en vigueur sur presque tous les emballages et l’engagement de jeunes filles dans le même sens à saluer

En France, les fabricants de tampons et de serviettes hygiéniques n’ont pas à en préciser la composition puisque aucune réglementation ne les y oblige. Mais des voix se propagent, appelant à davantage de clarté significatrice d’honnêteté qu’elle soit morale (dans un souci préoccupant d’éthique et non d’arnaque) tout autant que commerciale (notice et emballage plus aguichants car plus détaillés et moins sibyllins). En août 2015, une étudiante française de 19 ans, dont nous pouvons saluer la pugnacité, Mélanie Doerflinger, avait lancé une pétition afin que lensemble des produits destinés à l’hygiène intime figurent sur leur emballage. L’association 60 millions de consommateurs s’est portée caution de cette initiative combattive et qui a recueilli près de 180 000 signatures au moment où nous écrivons ces lignes. Le cas d’une ex-mannequin américaine, Lauren Wasser, aujourd’hui âgée de 27 ans et munie d’une prothèse pour sa jambe droite perdue il y a 3 ans à cause d’une bactérie provenant de son tampon est à retenir : elle a été victime d’un syndrome de choc toxique (SCT) à cause d’une bactérie affectant ses organes vitaux à une vitesse fulgurante ! La gangrène propagée très rapidement n’a pu empêcher l’amputation de sa jambe de mannequin et basketteuse car son pronostic vital était alors engagé : elle s’est défendue par la suite ardemment lors d’un procès et témoigne, encore et toujours, avec courage et par souci, à double titre (informatif et aussi préventif) face au risque accidentogène et même mortel (!) de ce damné tampon qui lui a valu une prothèse. Elle est l’une des porte-parole, de l’autre côté de l’Atlantique, de ce problème de santé qui est donc d’une actualité hélas universelle ! Il touche en effet potentiellement toutes les femmes, quelque soit leur patrie, dont l’horloge de la vie tourne encore au rythme des cycles menstruels. La brèche vers plus de clarté est ainsi ouverte par de rares pionnières.

Tampon, Pixabay – EME
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Rédigé par Jade Bernard

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