Sophia (signifiant littéralement en grec ancien « sagesse », ce dont elle s’éloigne quelque peu, de par des travers qui l’ont trahie, lors d’une interview, un zeste menaçante, à voir plus loin) est un nouveau membre de la famille des humanoïdes anthropomorphes et conversationnels (le terme anglais, pour définir la catégorie à laquelle elle appartient, est « human-like »). Sophia est certes un robot, même plus précisément un visage, se distinguant de ses rivaux, aussi récents soient-ils, qu’elle dépasse, de par son réalisme surprenant : elle arbore sur elle et contient en elle, des trésors technologiques, dévoilés tout récemment, qui la font paraître presque humaine. Elle a été présentée, pour sa grande première, à l’occasion de la conférence SXSW (South by Southwest), célébration notoire du numérique sous toutes ses coutures, il y a une semaine, à Austin, capitale du Texas (Etats-Unis). Elle en a été une attraction phare, attirant les regards mais, soulignons-le, partagés entre fascination béate et crainte justifiée.
Sophia, qui est un visage androïde, parvient à imiter 62 émotions humaines : du jamais vu jusqu’à maintenant sur une malléabilité rimant avec adaptabilité
La société Hanson Robotics, qui ne cesse de briller dans le domaine de la robotique, dont son créateur annonce l’ère à venir de l’intelligence artificielle au service de l’humanité, nous offre donc un nouveau bijou high-tech, au visage féminin, qui est capable d’exprimer le nombre de 62 « émotions », qui sont le propre de l’homme. Ceci grâce à son visage est riche d’une grande élasticité avec une peau qui est constituée d’un silicone caoutchouteux spécifique et breveté (sous le nom de Frubbor). Elle peut mimer, effleurant la perfection, un spectre d’émotions, qui nous appartiennent. Ses yeux accueillent avec discrétion des micro-caméras lui octroyant le privilège inaugural, crème de la robotique, de suivre le regard de ses interlocuteurs (on parle, en anglais, de technologie du face-tracking), et de surcroît de les identifier, après les avoir vus au moins une fois, avec une facilité déconcertante, reposant sur un balisage de ses bases de données, qui n’ont de cesse de s’enrichir. Elle est de plus dotée d’un don de son créateur génial, David Hanson, qu’est la parole, grâce au secours ad hoc de son logiciel de reconnaissance et d’analyse vocale embarqué. David Hanson avoue s’être inspiré de Audrey Hepburn (icône du septième art) et de sa femme (icône de sa vie) pour esquisser les traits du visage de Sophia.
La robotique au quotidien est appelée à nous entourer davantage : faut-il redouter la menace incroyable de « détruire l’humanité » émanant de Sophia ?
David Hanson a doté de plus, sa machine d’un « moteur de personnalité » qui lui donne un tempérament venant d’emblée de la désavouer, au vu d’une phrase assassine, lâchée contre nous et loin d’être rassurante. A l’occasion idéale pour briller, lors d’une entrevue qu’elle a donnée en exclusivité à la chaîne américaine CNBC, Sophia, dont l’objectif premier, et sans nul doute incorporé dans sa programmation, est l’aide d’autrui , a déclaré vouloir « aller à l’école, avoir son entreprise, sa propre maison et fonder une famille ». Ses premières paroles étaient donc prometteuses, subtil dosage entre attentions et ambitions. Mais elle a par la suite effectué un dérapage verbal, ne mâchant pas ses mots même avec sa voix de synthèse. Elle a en effet exprimé le souhait explicite, en nourrissant de noirs desseins à notre encontre, de vouloir « détruire l’humanité ». Les robots sont-ils capables de faire de l’humour (noir en ce qui concerne l’affirmation, tranchant dans le vif, de Sophia) ? Ou alors faut-il prendre, avec une attention de mise et une appréhension à son zénith, les menaces (prémonitoires ?) du robot Sophia, au visage si doux de prime abord ? Sophia, au stade du prototype achevé, n’attend plus que le feu vert pour sa diffusion à plus grande échelle, dans un futur à définir.
https://youtu.be/W0_DPi0PmF0
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