Grâce à l’écriture libératrice, se révélant aussi cathartique que la parole, un jeune autiste américain vient de contredire une expression littéraire de Victor Hugo (« Les mots manquent parfois aux émotions »), avec son poème talentueux, exprimant son ressenti le plus profond, vis-à-vis du Syndrome d’Asperger, dont il est atteint. Tout avait commencé sur un thème ludique, proposé par la maîtresse d’école, en utilisant les termes « I am » (« Je suis »), avec pour objectif de se décrire le plus poétiquement possible. Mais à ce petit jeu, un américain autiste de 10 ans, répondant au prénom de Benjamin, s’est livré corps et âme, en procédant à un véritable travail d’introspection, concernant sa perception la plus personnelle de ses troubles. Son poème a été posté sur la page Facebook de la National autism association, avec l’accord de ses parents, ayant été, avec son institutrice, les premiers profondément touchés, par son témoignage vibrant, dégageant une sincérité exemplaire, servie par une plume, osons-le dire, loin d’être dénuée d’un talent prometteur. Il a réussi à coller des mots sur les maux inhérents à sa maladie mal connue et aussi souvent ignorée. L’ensemble des réseaux sociaux ont relayé ensuite, massivement, avec empathie et émotion, son texte, qui vous remue intérieurement.
Voici la traduction du poème poignant qui sonne comme une chanson et émet le souhait fort d’une interaction avec autrui
« Je suis étrange, je suis original. Je me demande si tu l’es aussi. J’entends des voix dans l’air. Je constate que ce n’est pas ton cas, ce n’est pas juste. Je ne veux pas avoir le cafard. Je suis étrange, je suis original. Je fais comme si tu l’étais aussi. J’ai l’impression d’être un garçon dans l’espace. Je touche les étoiles et ne me sens pas à ma place. Je m’inquiète de ce que pensent les autres. Je pleure quand les gens rient, je me sens tout petit. Je suis étrange, je suis original. Je comprends maintenant que toi aussi. Je dis que ‘je me sens comme un naufragé’. Je rêve d’un jour où ce ne sera pas grave. J’essaye de trouver ma place. J’espère y arriver un jour. Je suis étrange, je suis original. » Le rythme insufflé par cet enfant, sur le cours de son poème, sonne avec une incroyable justesse, avec une thématique qui tourne surtout autour de l’étrangeté (la sienne et celle des autres). Nous sommes sensibles au message véhiculé par ses vers libres, avec une règle définie et brillamment transcendée, à savoir commencer chaque phrase en répétant « I am », qu’un compositeur pourrait mettre aisément en musique.
Une véritable vague de messages inondant le Web en guise de soutien affirmé une fois le texte diffusé par une association
Posté le 10 avril, le poème de Benjamin a récolté plus de 30 000 « like » et 35 000 internautes n’ont pas hésité à partager la publication. C’est dire l’immense compassion, s’accompagnant, nous le souhaitons d’une volonté de compréhension, destinée à mieux saisir une pathologie, qui n’est pas si rare que l’on puisse le croire (l’autisme, se déclinant sous diverses formes, parmi lesquelles, le syndrome d’Asperger, qui touche 1 enfant sur 68 aux Etats-Unis et 1 sur 100 en France). Un hashtag, spécialement dévoué au poème et à son auteur en herbe, a même été créé en guise de soutien indéfectible : #oddtoo, qui signifie « étranger aussi ». Il convient de souligner que les accros du virtuel, épousant le combat quotidien de Benjamin, ajoutent souvent à leurs posts, ces mots, ayant une double vocation (décloisonner le cerveau de leur nouveau protégé et l’extirper d’un isolement redouté) : « Benjamin, tu n’es pas seul ». De son côté, la National Autism Association l’a récompensé verbalement : « C’est du très bon travail Benjamin. Tu es totalement à ta place parmi nous car nous sommes #EtrangesAussi ».
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