Andy Sandness a défiguré son visage, en ne pensant pas échapper à son geste suicidaire, en décembre 2006, alors qu’il était âgé de 21 ans, avec une arme à feu. Il a survécu à cette vaine tentative mais son faciès a gardé de nombreuses séquelles, étant le synonyme de plus de dix longues années de calvaire, durant lesquelles son espoir aurait pu s’éteindre. Cependant, la délivrance est arrivée, en juin 2016 : Andy Sandness, alors âgé de 31 ans, a pu bénéficier de la greffe d’un donneur tellement compatible, que nous pourrions la croire, de façon déconcertante, quasi-miraculeuse : Calen Ross s’était également suicidé. Si la famille du donneur a affiché des réticences, au moment de se prononcer pour ou contre la transplantation, elle a finalement décidé d’accorder son feu vert.
Une prouesse chirurgicale en termes de temps très long, d’un staff médical étant étoffé et d’un nombre impressionnant d’opérations
L’opération délicate a été impressionnante de par les moyens déployés, tant humains que matériels, pour la réussir. Les huit opérations nécessaires, se sont, de ce fait, étalées sur une durée extrêmement longue de 56 heures et c’est la mobilisation d’ une équipe médicale de 60 personnes qui a été aux petits soins avec des mains à la dextérité précieuse. L’un des membres de cette équipe, le Dr Samir Mardini de la Mayo Clinic (Rochester, Minnesota) explique qu’il a fallu, suivre un protocole précis, pour mener à terme mais surtout à bien une telle épopée minutieuse : commencer par retirer les tissus morts d’Andy, puis enchaîner sur la reconstruction de sa mâchoire avec des muscles dont des échantillons ont été issus de la peau de sa hanche et de sa jambe, et pour conclure le tout, poser des sutures pour une interconnexion retrouvée entre les différentes parties formant un visage d’homme, apte à réconcilier Andy Sandness avec lui-même.
Si l’opération -sans la minimiser- a été un succès bluffant, elle n’était que la première étape d’une vie nouvelle. Il se trouvait apte à rentrer dans la norme, sans continuer à masquer son nez et son menton, longtemps inesthétiques et effrayants, maintenant bien réparés.
De nombreuses épreuves à surmonter mais l’opération a ouvert les portes sur une nouvelle vie pour ne pas dire la vie tout court
Trois semaines après cette intervention chirurgicale lourde, Andy s’est vu enfin octroyer le droit de découvrir son nouveau visage, celui de son défunt donneur. Son intervention majeure lui a permis de retrouver des fonctions basiques : respirer, manger, parler et pour la plupart de pouvoir sortir à nouveau en public sans être obligés de se dissimuler derrière un masque. Il a avoué lui même la joie d’assister à un match de hockey en ne dénotant pas parmi la foule. Restent deux épreuves : l’une à vie (un traitement anti-rejet), l’autre provisoire (parler avec sa nouvelle bouche).
La première greffée du visage au monde remonte à plus de 10 ans et avait été réalisée en France, par l’équipe du Pr Bernard Devauchelle, qui avait opéré en 2005 à Amiens, Isabelle Dinoire, décédée en avril 2016. Ce sont au total 37 opérations qui ont été réalisées, concernant la transplantation de la face, qui reste une entreprise délicate, et présente des risques incontestables de complications à mettre en regard de ses avantages. Nous manquons de recul, en termes de temps et de greffes insuffisamment nombreuses. De plus, seuls quelques pays phares ont opté pour cette entreprise périlleuse : la France, l’Espagne et les Etats-Unis, s’y sont notamment illustrés, grâce à des équipes chirurgicales téméraires.
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