Y aurait-il un danger mortel à consommer trop de compléments alimentaires ? Une étude avance que ceux surdosés en calcium ou engendrant un excès de vitamine D augmenteraient les risques de mortalité. Menée notamment par la Tuft University de Boston, sa publication dans le journal The Annals of Innternal Médicine suscite la controverse aux Etats-Unis. En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire (Anses) alerte régulièrement sur les risques liés à la consommation de compléments alimentaires.
Une étude qui fait polémique
30.899 Américains de 20 ans et plus ont participé volontairement à l’étude. Sur les 3613 décès survenus pendant la période d’observation de six ans, 805 sont dus à des cancers et 945 à des maladies cardiovasculaires.
Les résultats tendent à montrer que seuls les nutriments provenant de la nourriture sont bénéfiques. Les compléments alimentaires qui augmentent les apports en nutriments ne seraient pas efficaces pour réduire les risques de mortalité. Ils produiraient les effets contraires comme dans le cas de la vitamine D. On apprend que la supplémentation de calcium supérieure à 1g par jour accroît de 53% le risque de décès par cancer.
Des résultats controversés
Les auteurs de l’étude nuancent leurs propos en reconnaissant que des recherches complémentaires sont nécessaires. Entre autres facteurs biaisant les observations, nombreux sont les sujets ayant déjà présenté des maladies dont l’hypertension, un taux de cholestérol élevé ou un cancer.
L’influente National Product Association qui regroupe des fabricants de compléments alimentaires accuse l’étude de propager de fausses informations. Son président Daniel Fabricant dans un communiqué de presse du 9 avril 2019 la qualifie de « Fausse science ».
La consommation de compléments alimentaires augmente en France
L’Anses mène depuis 1998 une étude individuelle nationale des consommations alimentaires (Étude INCA). Sur une période d’observation de 12 mois en 2014-2015, la troisième édition de cette étude (Étude INCA3) révèle que 21,8% des Français adultes consomment des compléments alimentaires. Cela représente une augmentation de 9 points par rapport à l’Etude INCA2 couvrant 2006-2007.
Le dispositif nutrivigilance
Depuis 2009, l’Anses évalue les effets indésirables des compléments alimentaires dans le cadre du dispositif nutrivigilance. Soumis à des déclarations, ils sont signalés par les professionnels de santé, fabricants et distributeurs concernés. Entre 2013 et 2018, l’Anses a émis huit alertes concernant des compléments alimentaires accompagnées de recommandations sanitaires.
« L’excès nuit » n’est pas qu’une notion philosophique, mais une réalité scientifique. Même si les résultats de l’étude américaine peuvent être biaisés, ils démontrent l’importance d’être conseillé et suivi par un professionnel de santé lors de la prise de compléments alimentaires.